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Vulcain, dit Apollon, on profane mon culte ;
Sur mes autels souillés chaque jour on m’insulte.
Venge-moi. Tout-à-coup dans les bruyans fourneaux
Des cyclopes ailés allument cent flambeaux ;
Ils volent, et déjà leur cohorte enhardie
Sur les faîtes du temple a lancé l’incendie.
Le croissant de Phébé, la conque de Cypris,
La guirlande de Flore et l’arc brillant d’Iris,
Des champs élisiens l’immortelle parure,
Les zéphirs, les ruisseaux, les fleurs et la verdure,
Les superbes forêts, les rapides torrens,
Du souverain des mers les palais transparens,
Hélas, tout est détruit ! On parcourt les ruines :
Là chantoient les plaisirs et les graces badines.
Le Mierre, prodigant les charmes de sa voix,
Là, disputoit le prix aux sirenes des bois :
Ici l’aimable Arnould exerçoit son empire,
Et nous intéressoit aux pleurs de Télaïre.
Euterpe cependant, pour nous dicter ses loix,
Rentre dans son asyle, et reprend tous ses droits.
Rameau, le sceptre en main, éclipse Pergolese :
Le goût a reparu : le dieu du jour s’appaise,
Et son ressentiment nous poursuivroit encor,
Si la scene à ses yeux n’eût remontré Castor.