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Tout ressent ton pouvoir ; sur les mers inconstantes
Tu retiens l’aquilon dans les voiles flottantes.
Tu ravis, tu soumets les habitans des eaux,
Et ces hôtes ailés qui peuplent nos berceaux.
L’amphion des forêts, tandis que tout sommeille,
Prolonge en ton honneur son amoureuse veille,
Et seul sur un rameau, dans le calme des nuits,
Il aime à moduler ses douloureux ennuis.
Tes loix ont adouci les mœurs les plus sauvages ;
Quel antre inhabité, quels horribles rivages
N’ont pas été frappés par d’agréables sons ?
Le plus barbare écho répéta des chansons.
Dès qu’il entend frémir la trompette guerriere,
Le coursier inquiet leve sa tête altiere,
Hennit, blanchit le mords, dresse ses crins mouvans,
Et s’élance aux combats, plus léger que les vents.
De l’homme infortuné tu suspends la misere,
Tu rends le travail doux, et la peine légere.
Que font tant de mortels en proie aux noirs chagrins,
Et que le ciel condamne à souffrir nos dédains ?
Le moissonneur actif que le soleil dévore,
Le berger dans la plaine errant avant l’aurore ?
Que fait le forgeron soulevant ses marteaux ?
Le vigneron brûlé sur ses ardens côteaux ?
Le captif dans les fers, le nautonnier sur l’onde,
L’esclave enseveli dans la mine profonde,