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Des guirlandes de fleurs ont paré ces musettes.
Cent touffes de rubans décorent ces houlettes :
Déjà de l’art du chant on dispute le prix,
Les juges sont églé, Silvanire, Cloris ;
C’est dans leurs jeunes mains que brille la couronne,
C’est le goût qui l’obtient, et l’amour qui la donne.
Le goût fut ton génie, ô toi, chantre adoré,
Toi, moderne Linus, par lui-même inspiré !
Que j’aimois de tes sons l’heureuse symmétrie,
Leur accord, leur divorce et leur économie !
Organe de l’amour auprès de la beauté,
Tu versois dans les cœurs la tendre volupté.
L’amante en vain s’armoit d’un orgueil inflexible ;
Elle couroit t’entendre, et revenoit sensible.
Plus d’une fois le dieu qui préside aux saisons,
Qui fait verdir les prés, et jaunir les moissons,
Las du céleste ennui, jaloux de nos hommages,
Sous les traits d’un berger parut dans nos bocages :
Sous ces humbles dehors, heureux et caressé,
Il retrouva les cieux dans les regards d’Issé ;
Et goûtant de deux cœurs la douce sympathie,
Fut dieu plus que jamais dans les bras de Clithie.
C’est lui sans doute encor qui vient, changeant d’autels,
Amuser sous tes traits, et charmer les mortels.
Vous, qui voulez sortir de la foule profane,
Comme lui cultivez et domptez votre organe ;