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Cléret-Langavent répéta : « Je ne pouvais pas donner l’ordre d’enfoncer les portes d’une église, car je considère que celui qui donne un ordre pareil est plus directement responsable que celui qui porte lui-même la main sur l’église. Au retour du commandant, j’ai cru que le sacrifice, que j’étais prêt à faire, ne me serait pas imposé. Je ne suis pas un héros. J’ai remercié Dieu. Ma résolution était prise irrévocablement, mais j’espérais ne pas avoir à la manifester.

« Aurais-je obéi à la réquisition si ma conscience n’avait pas été engagée ? Je n’en sais rien.

« Outre que mon honneur de soldat répugnait fortement à la triste besogne qui m’était demandée, je trouvais que toutes les formes légales étaient mises de côté… Je sais bien que, lorsqu’on a simplement l’âme d’un fonctionnaire servile, on se contente de regarder si l’on est couvert par des ordres supérieurs, mais j’ai l’âme d’un soldat, et la chose qui répugne le plus à un soldat, c’est de céder à la peur… Qu’auriez-vous le droit de penser de moi, si moi, catholique, j’avais porté la main sur mon église !… En entrant dans l’armée, nous sommes prêts à faire à la patrie tous les sacrifices ; mais notre honneur est à nous, nous voulons le garder intact, et je me demande si les honneurs et la dignité des armes restent bien intacts, après l’exécution d’une be-