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il s’en faut, a déterminé, peu à peu, à confondre l’obéissance passive et servile, à laquelle on s’est plié, avec l’obéissance, toute différente, que le règlement impose ; l’obéissance entière, à laquelle on doit se soumettre, pour le bien du service et l’exécution des règlements militaires.

En diminuant la part d’initiative et l’importance des attributions, dont les généraux ont le devoir d’assurer la possession à leurs inférieurs, cette façon de commander a porté une grave atteinte aux facultés de raisonnement, de décision, de volonté et de caractère, dont les officiers peuvent avoir à donner la preuve à tous moments. Et ainsi débutant, grandissant et se formant, ou plutôt se déformant, dans un milieu qui ne permet pas le développement de leurs qualités de soldat, toutes spontanées, toutes vibrantes, toutes généreuses et hardies, les officiers sont exposés à rester des inférieurs sans valeur ni personnalité, destinés à n’être, quand ils arriveront aux grades élevés, que des chefs dépourvus des qualités nécessaires pour bien commander.

Ainsi, du haut en bas de l’échelle de la hiérarchie militaire, une interprétation inexacte des prescriptions du règlement — pour ne pas dire une violation formelle de ces prescriptions — acceptée, depuis cinquante ans environ, avec une docilité qui va croissant chaque jour, a souvent faussé les