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le dauphiné.

L’ovale de ce visage, ce front calme et cette bouche close, aux lèvres lourdes de bonté, qui ne s’ouvriront que pour dire à Dieu de pardonner aux hommes !

Elle tient dans ses bras l’Enfant Jésus, grave, sérieux déjà, la tête forte, le regard droit et clair. Pas d’autre recherche de mouvement, pas d’autres efforts de mystique, le tableau est simple comme une page de François de Sales.

Hébert est né à la Tronche même. Il y passa son enfance. Et de

La Tronche.
la Tronche vint sa vocation. Le splendide Rubens du musée n’y fut pour rien. Ce sont les arbres et les ruisseaux de sa commune qui ont tout fait.

Les ruisseaux surtout, disait-il un jour à Goncourt.

« Ces ruisseaux pas très grands, à l’eau très courante, et cependant paraissant immobile, avec l’ondulation verte de toutes sortes d’herbes, sur le fond gris, où il y a des cailloux jaunes. Ces tons doux et lisses, sous la fuite du ruisseau, cette lumière noyée, cette transparence de choses aquatiques, sous ce vernis trémulant – ce vernis qu’il comparait à un vernis copal – tel a été pour lui son miroir d’idéal et son inspiration. »

Mais il est une autre Vierge, encore, près de celle de la Délivrance. Oh ! bien humble, terrée dans sa niche – et cependant puissante là-haut. Des miracles l’attestent ; des signatures, des inscriptions se gravent sur ses murailles. Autrefois, chaque année, en lundi de Pentecôte, un pèlerinage se formait en plein air, le prêtre officiait et la procession lente faisait trois fois le tour de la chapelle. Un homme y vint pour se moquer. Il tomba mort sur-le-champ.

« C’est huit cents années après la mise en croix de Notre-Seigneur qu’un paysan trouva, en labourant sa vigne, une statue de bois noir.