Le succès ne vient point. La première édition manque d’acheteurs et ce manuscrit, qui lui a demandé trente mois d’acharnés efforts, rapporte bien juste 2,000 francs !
Et pourtant, et de plus en plus, même devant ce terrible effondrement de tous ses rêves de gloire, Stendahl ne désespère point encore.
« Je ne pense être lu que vers 1880 », écrit-il à Balzac — et plus bas, il ajoute :
« Ce qui serait un blasphème à dire aujourd’hui, sera une vérité incontestée en 1900. »
Conçoit-on plus effroyable torture ! Être convaincu de sa supériorité, brûler de génie, écrire un des plus rares chefs-d’œuvre du siècle… Et de tout cela, rien, rien que mépris…
Et il est vieux maintenant, Stendahl ! Il est malade, la misère le hante. Il n’a même pas le petit capital exigé pour entrer à Sainte-Périne !
Mendier ? Oui, il mendiera, nous dit son historiographe, M. Auguste Cordier, il mendiera au maréchal Soult une augmentation de retraite, il se portera candidat à l’Académie, à cause des 5 francs des jetons de présence !
Et quatre mois durant on le verra se traîner en ce chemin de calvaire !
Où l’eût mené ce calvaire si la fin n’était venue ?
Elle vint le 8 novembre 1841. Vingt-cinq personnes accompagnèrent son cercueil.
… Nous achevons de les suivre ces rues croulantes et torses. Nous achevons de les suivre au hasard de la rencontre de ceux de nos grands