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le dauphiné.

n’ont plus d’épiderme, les pauvres, et leurs blessures saignent au soleil couchant !

Mais l’homme reste insensible. Il continue à fouiller dans ces entrailles de pierres, il tourne, il retourne le fer dans les plaies… Une poussière grise monte, envahissante, gros nuage qui obscurcit, déshonore la montagne. Et si ce n’était que cela : crime d’esthétique, mais c’est aussi crime d’hygiène. Cette poussière vous prend à la gorge, vous étouffe. Il faut se sauver – el vite – pour ne point avoir une petite chaussée de béton dans l’estomac.

Terrible, épouvantable industrie, qui tue en dix années et cependant industrie sans cesse grandissante, bagne auquel des milliers de familles sont rivées.

Partout le ciment se substitue au granit. On en obtient des moulures, des écussons, des dallages, des carreaux, des conduits, des pilastres. La construction à bon marché l’emploie presque exclusivement. Cent mille tonnes s’expédient annuellement sur tous les points de la France et jusqu’en Indo-Chine. Si l’Isère était plus navigable, permettait le transport par radeaux, dans le Midi, sur la Méditerranée, à Marseille, à Cette, le commerce des chaux hydratées prendrait rapidement un essor considérable. Et ce qui achève de donner à Grenoble sa note bien à elle en matière d’économie sociale, ce sont ses nombreuses fondations philanthropiques, dignes de servir de modèles aux autres départements : bureau de bienfaisance, sociétés de patronage des apprentis, des vieillards, prêt charitable et surtout cette application parfaite du principe

Le vieux Grenoble
Porte de Bonne.