— Ce garçon est fou, formula brièvement Gay-Lussac.
— Du calcaire ! de l’argile !…
Cependant Vicat parlait, écrivait, accumulant notices sur notices, mémoires sur mémoires… Tant de notices, tant de mémoires, que l’Académie des sciences, Thénard et Gay-Lussac en tête, finit par demander au ministère des travaux publics de laisser le jeune savant venir à Paris s’expliquer devant une commission.
Vicat vient à Paris. En présence de tout le haut personnel du corps des mines, on lui remet de la chaux grasse et de l’argile. Il délaye une pâte ; il place cette pâte dans des flacons pleins d’eau, cachetés à la cire. Et toutes ces opérations terminées, rendez-vous est pris pour l’année suivante.
— On retrouvera de la bouillie, grommelle Thénard.
— On ne retrouvera plus rien, grommelle Gay-Lussac.
L’année se passe. De nouveau le jury s’assemble. Les flacons sont débouchés. Thénard et Gay-Lussac n’en peuvent croire leurs yeux. Tout ce qui a été dit est rigoureusement vrai : il y a au fond de l’eau une pierre artificielle.
Le succès fut immense. Vingt ans plus tard, en 1845, Arago déclarait à la tribune que les nouvelles découvertes avaient procuré au Gouvernement, dans l’exécution de ses travaux hydrauliques, une économie de 200 millions.
Le calcaire à ciment s’étend en larges coulées aux portes mêmes de la ville, au-dessus d’une immense assiette de roches oxfordiennes. Le mont Rachais, le mont Jalla sont chaque jour taillés, perforés, déchirés. Ils