acquière suffisamment de grain et de finesse. Ceci achevé, on la coupe, délicate opération, d’où sort la pièce prête à être cousue. Coudre est besogne féminine. Dans la province entière, en Mateysine, en Chartreuse, en Graisivaudan, jeunes et vieilles ne sont que couseuses… partout la machine à coudre qui tic-taque…
Et le gant est achevé ? Pas encore. Nous allons maintenant l’examiner, signaler les imperfections qui ont pu se produire. « Toutes les paires sont nettoyées et lustrées au moyen de roues revêtues de feutres, qui leur donnent le brillant aspect que nous leur connaissons. Il reste ensuite à rabattre le pouce dans l’intérieur et à mettre les paquets en boîtes, prêts à la livraison. » Douze cent mille douzaines sont ainsi, chaque année, expédiées soit une valeur de 35 millions de francs.
C’est en partie à Jouvin que Grenoble doit le gant sa première — source de richesse. C’est à Vicat qu’elle doit la chaux hydraulique et la formule du ciment — sa seconde source de richesse.
Vicat, alors simple ingénieur des ponts et chaussées, prononça un jour cette phrase : « Le ciment est le produit de la cuisson d’un mélange intime de calcaire et d’argile. »
Ça n’a l’air de rien — et pourtant ce fut encore une révolution.
— Du calcaire et de l’argile ! Allons donc !
Thénard haussa les épaules, Gay-Lussac bondit hors de son laboratoire.
— Je ne m’en occuperai pas, articula nettement Thénard.