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le dauphiné.
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de Gordes y répond par un des plus beaux exemples de justice que l’humanité ait jamais eus à inscrire :

« Je compte, écrit-il, parmi les magistrats de ce pays et les officiers sous mes ordres, de savants conseillers et de braves soldats, mais pas un assassin. »

Oh ! la triste époque que cette époque ! Tous les jours : qui-vive, visites domiciliaires, exécutions !… Tel qui couche dans son lit le soir n’est pas sûr de retrouver son lit le lendemain.

Grenoble et l’Isère.

Et cela paraît devoir durer des semaines, des mois, des années, on ne sait plus… lorsque Lesdiguières prend le parti de brusquer toutes choses et de ramener le calme par le canon, procédé qui réussit pleinement.

« Le 21 décembre 1590, le capitaine huguenot s’approche de la ville avec 1,200 hommes. Il les conduit au pied d’une maison de la rue Saint Laurent où se trouvait un nommé Simon, vendu à sa solde.

« Six échelles sont dressées. Simon ouvre la porte et les troupes se jettent dans la ville. Une patrouille est massacrée.

« Les assaillants courent à la porte de Chalemont, l’enfoncent à coups de hache et livrent passage aux fantassins, qui se répandent sur toute la rive droite de l’Isère.

« Mais le fracas réveille les Grenoblois ; ils se portent à la tour du Pont. Trop tard — déjà les huguenots y sont arrivés et appliquent une pièce d’artifice contre la porte, qui vole en éclats. Le vicomte de Pâquiers, un des plus braves lieutenants de la troupe, est tué. Cependant la place reste encore fermée, car derrière la porte brisée se dresse une herse de