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le dauphiné.

La Beauce. Après ? Qu’est-ce que vous voudriez y faire en Beauce ?…

— Eh ben, y aller, donc, m’épromener — sans avoir besoin, comme dans ce sacré pays, de lever la jambe à la hauteur de l’œil, à chaque coup que je veux marcher !

— Ah çà ! vous voulez aller en Beauce, maintenant ! Vous n’êtes pas de la montagne, alors ?

— Moi, je suis de Saint-Pierre !

— Et vous parlez de la sorte !

— J’ai donc dit quelque chose de mal ?

Le château de Bouquéron.

— Comment, misérable, si vous avez dit quelque chose de mal ! Vous, un montagnard : vous voulez quitter la montagne !

— Oh ! pour sûr, allez, monsieur – et tout de suite. Seulement faudrait trouver ! Je vous le répète : moi, j’en ai assez de toujours grimper, toujours grimper, toujours montrer aux étrangers des trous et des roches. Enfin, voyons, là, franchement, vous, monsieur, qui êtes un homme de sens, si vous l’aviez passée deux cents fois cette route-là, comme moi, qu’est-ce que vous diriez ?

— Le fait est que…

— Vous voyez bien que vous êtes de mon avis. C’est pas drôle, allez ! Et puis par tous les temps ! Imaginez-vous qu’il y a des originaux qui ne veulent voir Chamechaude ou Charmant-Som que sous la pluie ou dans la neige ! Vous croyez qu’ils ne sont pas toqués, ces gens-là ! Tonnerre de Dieu ! je leur en fourrerais, moi, des Chamechaude sous la pluie !… Vous,