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le dauphiné.

moines et novices, célébrèrent dans les appartements et les cellules où les tentatrices s’étaient arrêtées le rite complet de l’exorcisme.

Au moment des guerres de religion, la Grande-Chartreuse ne devait point échapper aux vengeances huguenotes.

Nous voyons, en 1562, les soldats du baron des Adrets la prendre et la brûler :

« Ce quatrième juin, qui étoit un jeudy au soir, à huit heures après midy, le capitaine Firmin, le capitaine Coct, le capitaine Brion, avec toutes leurs compagnies, départirent de Grenoble pour aller au désert.

À la Grande-Chartreuse. — La cour d’entrée du monastère.

« Le vendredi matin, y étant arrivés, ne trouvèrent que deux vieux frocards. Alors ils commencèrent à piller, et après avoir pillé ce qu’ils voulurent, ils mirent le feu dans ladite religion (couvent) dont se brusla beaucoup de biens et n’y demeura que les murailles et puis s’en vinrent et furent icy le samedy au matin.

« Après leur retour à Grenoble, vendirent si grande quantité de plombs qu’ils avoient enlevés que ces métaux perdirent la moitié de leur prix. »

Ils ne purent et cette franche canaille de capitaine Coct le regretta sa vie entière, — ils ne purent voler davantage, car le général dom Pierre Sarde avait eu la précaution de mettre en lieu sûr ce qu’il y avait de précieux dans la chapelle : un reliquaire d’argent incrusté de pierres fines et contenant le crâne de saint Bruno, un ciboire, des vases d’or et des crucifix richement sculptés.

Après cette visite intéressée du terrible baron, deux siècles se passent