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le dauphiné.

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Dans un vacarme de ferrailles, arrivent les pataches aux portes des auberges. Des hommes, des femmes et des enfants et leurs nourrices couvrent la grande place. Il y a là des échantillons de peuples du monde entier : blonds et bruns. Il y a des Anglais, haut montés en faux-cols, des Allemands à lunettes et à Bædeker ; il y a des Norvégiens, des Suédois, des Danois, des Russes, des Espagnols et des Roumains — de tout un peu, à commencer par le bon Méridional qui vous tutoie, après dix minutes de chemin.

Fourvoirie.

Ah ! ce défilé en lequel nous entrons — et qui va devenir la célèbre, l’inoubliable, la splendide, la féerique gorge de la Grande-Chartreuse !

Le bon Méridional pousse des « pas mouain que c’est beau ! » retentissants ; l’Anglais ne dit rien : il est humilié dans la personne de son Écosse et de ses lakists ; l’Allemand en chausse une paire de lorgnettes de plus…

Ah ! ce défilé ! ce défilé ! Les Hurons, les Sioux, les Apaches, les Caraïbes, les Hottentots, tous le connaissent. Cent mille fois il fut décrit, photographié, aqua-tinté, cent mille fois il le sera encore, et toujours il restera des mots nouveaux pour l’admirer.

Il faut être en bois, revenir de Luzarches ou de Romorantin, avoir passé toute une existence au fond d’une cour de la rue Quincampoix, pour ne point s’emballer.

Les pauvres gens, qui ne s’emballent point !