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le dauphiné.

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isolés ; tous agriculteurs et rien qu’agriculteurs, ils n’ont de relations avec ceux qui les entourent que quatre fois l’an, aux jours de marché.

Aussi, dans un besoin d’expansion, ont-ils peuplé leur solitude de légendes : des follets, des ombres qui se mêlent aux hommes, les tourmentent ou les protègent. Ils ont rétabli le culte des nymphes ; les naïades veillent aux fontaines, et le 1er janvier, pour se les rendre favorables, chacun leur consacre un bouquet. Les vieilles maisons restent hantées. La nuit, des lueurs apparaissent aux fenêtres ; derrière les lourds auvents, des formes glissent. On s’approche pour les mieux voir et l’on ne voit plus rien qu’une fumée légère… Les fantômes regagnent leurs tombes…

Voiron. — L’église Saint-Bruno.

Près de Tolvon, encore la Morge à nos côtés, les roches s’écartent, des jets calcaires montent si haut qu’ils font du ciel une bande bleue, étroite comme un sentier. Et toujours la Morge, qui va son train. Les usines lèvent leurs murs de briques sur des rangées d’arbres ; les eaux conquises forment cascades. Tout autour, il n’est que nappes de trèfle bordées de vernes, coteaux aux pentes molles.

Voici Moirans et son église romane et son donjon en tuf, derniers restes du château.

Moirans, bien plus vieux certes que Voiron, puisqu’il a été station de la route romaine, conduisant du mont Genèvre à Vienne, par la vallée de l’Oisans.

On a trouvé en ses terres des preuves irrécusables d’antiquité : débris