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le dauphiné.



Une gorge dans la Drôme.
Et les brandons, énormes feux allumés aux lendemains des Noëls ?…

Et des légendes — fantômes, fées et sorciers, et sorcières jetant leurs maléfices !…


Mais cela, c’est le passé. Des légendes qui disparaissent… Des légendes que les vieux seuls racontent encore — et que les jeunes n’écoutent plus…

Et le patois ?… Le patois de Blanc-la-Goutte et de Millet, que les vieux parlent encore — et que les jeunes n’écoutent plus…

Toute une vie disciplinée par l’idée religieuse, par le respect de l’amour[1] et des traditions de famille ; toute une vie simple et rude qui va s’affinant, s’ouvrant au scepticisme dans les dogmes et dans les mœurs…

(Ne pleurez pas, âmes sensibles ! Ce que l’homme gagne en indépendance est toujours un bien. Si j’étais philosophe de profession, je développerais volontiers, en dix douze pages, cette thèse : que le scepticisme est le meilleur chemin conduisant à la vérité…)

Le Dauphinois faut-il le répéter ? a subi la transformation qu’ont subie tous ses voisins : Bretons et Auvergnats, Gascons et Provençaux.

  1. Jusque vers le milieu de ce siècle, observe Ladoucette, il n’y avait pas dans toutes les Hautes-Alpes un seul lieu de prostitution.

    « Le plus ordinairement, l’adolescent que la jeune fille avait distingué était l’homme qui plus tard devenait son époux… Si deux jeunes cœurs étaient rapprochés par la passion, ils restaient toujours soumis à une même règle de réserve garantie par la pureté de l’un, le respect de l’autre. »