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le dauphiné.

Bacchu-Ber, sorte de pyrrhique dont Ladoucette attribue l’invention à un Romain qui serait venu travailler en Caturigie comme tisserand[1].


Coin d’Alpe.
Et les mariages ? Ils ont leur protocole. Le premier dimanche des publications s’appelle le « dimanche des dragées ». Ce matin-là, les amis du futur, les amies de la future se réunissent. Plus la noce sera belle, plus elle comptera de filles d’honneur dans son cortège, que précédera jusqu’à la mairie un piquet composé d’un certain nombre de jeunes garçons portant des instruments d’agriculture.

Sur le seuil de la maison, on présente à l’épouse une miche remplie de morceaux de bois « qu’elle devra, avec un mauvais couteau, sectionner en autant de parts qu’elle aura de personnes à sa suite. De sa dextérité on augurera de la bonne tenue de son intérieur. Mais elle ne devra point se laisser intimider par les rires qui l’accueilleront durant cette cérémonie dont sa mère lui expliquera le symbolisme, en lui disant : Ma petite, tout n’est pas rose dans le ménage. »

Et le 1er mai, où l’on plante sur les chemins des arbres verts garnis de rubans et de fleurs ?…

  1. « Le Bacchu-Ber est exécuté à neuf heures, à deux heures et à quatre heures. Les jeunes gens, dit M. Paul Guillemin, au nombre de treize, se placent en cercle ; tous sont armés d’épées. Sur un banc, sont assises cinq à six filles, vieilles et jeunes ; elles forment l’orchestre. L’aïeule, d’une voix aiguë, entonne l’air traditionnel qui marque la mesure, et les jeunes filles le reprennent en chœur. Au signal donné par un ancien, les danseurs décrivent douze figures… Dans la dixième figure, le coryphée, ayant autour de lui les danseurs en cercle compact, porte, à un moment donné, sur ses épaules le plat de toutes les épées ; sa tête est prise comme dans un lacet inextricable… Pendant l’exécution, les jeunes gens tiennent la tête haute et gardent un sérieux solennel… De leur côté, les femmes chantent et répètent leur complainte saccadée, sans aucune interruption. »