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le dauphiné.

Jugement sévère qui n’est pas du tout celui de Beyle.

« Ces dames de Grenoble, écrit-il dans les Mémoires d’un touriste, sont aimables, et il me faudrait bien des pages pour peindre leur amabilité d’une façon un peu ressemblante. Elle est bien plus piquante et à la fois bien plus naturelle que celle de Paris ; il y a un fonds de bon sens et de malice souvent embarrassant. »

De bon sens surtout. L’esprit dauphinois a toujours eu plus de force que de grâce, plus de pénétration que de largeur. C’est surtout dans l’acte

À l’entrée
des Grandes Rousses.
qu’il s’affirme. Peu de poètes ; des hommes à volontés nettes, résolues. Des soldats comme Lesdiguières et Bayard ; des diplomates comme de Lyonne ; des inventeurs comme Vaucanson ; des philosophes hautement rationalistes comme Mably et Condillac ; des politiques comme Barnave, Mounier, Casimir Perier… Et jusque chez ses écrivains, nous retrouverons ces mêmes qualités d’ordre et de clarté : chez Stendhal, le plus grand psychologue du siècle, et chez Émile Augier, bourgeois solide et bien portant.

« Le Dauphiné, explique Philibert Brun, étant situé au milieu de la zone tempérée, il suit que ses habitants doivent être très modérés, étant sûr que les qualités d’un climat pénètrent dans le caractère de ceux de cette contrée. »

Mais ce sont là des traits généraux. Entrons plus avant dans le sujet, à la suite de l’intendant Bouchu qui, sous Louis XIV, administra la province :

« L’esprit le plus commun du pays est d’être fin et caché, au point qu’il