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le dauphiné.

coups de mousquet, du moins à coups de plume. L’Académie protestante, fondée récemment, devient un foyer de querelles entre ministres et prêtres catholiques. Les jésuites publient un journal où ils se montrent, selon leur habitude, polémistes filandreux et redoutables…

Oh ! mais que ce passé agité parait loin ! La petite ville ne s’en souvient plus. Peut-être encore, près de la porte Saint-Marcel, renforcée de ses deux tours, près de la cathédrale, une très vieille chose romane reconstruite, en partie, au xviie et au xviiie siècle ; peut-être, en face de l’ancien palais épiscopal et de ses remparts, peut-être aurons-nous quelque hantise d’autrefois ? Non, plus rien.

L’étroite place dort du long sommeil des provinces. On regarde le buste en bronze d’une certaine comtesse de Die, poète en langue d’oc ; on regarde couler la fontaine — et l’on s’en va… Il y a des affiches de conseillers municipaux sur les murs, des circulaires de Monsieur le Préfet et de Monseigneur l’Évêque. Une vieille femme fait sécher des graines sur un drap ; le pharmacien, en bonnet grec et en pantoufles, prend le frais devant ses bocaux ; des gens glissent, rares, silencieux, comme des ombres… Un chien aboie, un enfant crie, une charrette grince et la fontaine coule toujours…

À Valence. — Le Pendentif.