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le dauphiné.

fixent un instant et disparaissent au détour du train pour renaître ensuite, vers Saint-Auban, vers Die et le Ponet, où de nouveau la vallée, en de moelleuses ambiances, apparait jolie jusqu’au point où l’énorme massif du Vercors — le Glandaz — crève le limpide paysage et précipite sur ses pentes de noires averses de sapins.

Die, c’est une rue et une place. La rue est formée par la route nationale
Die. — La porte Saint-Marcel.
allant à Sisteron ; la place, pompeusement appelée la « promenade », longe les vieux remparts. Et pour relier cette rue à cette place, on suit des passages macrobiens, vermoulus, qui tous portent des noms trouvés probablement par un ancien chef de musique militaire : passage du Tambour, passage du Fifre, passage des Trompettes, etc., etc.

Die – encore des questions auxquelles on ne saurait répondre Die, élevée au rang de colonie romaine, a-t-elle été consacrée à Livie, femme d’Auguste, que le Sénat avait placée parmi les déesses — dea ou die ? — A-t-elle été consacrée à Cybèle ? Artaud, Aymar du Périer, Denis Long, Ollivier, hésitent…

Les traditions réelles de la cité ne remontent qu’à son premier prélat, Nicaise, qui fut membre du concile de Nicée en 325. Depuis cette époque, son existence se confond avec celle de ses voisines : Gap, Valence, Grenoble… Lutte du peuple contre le pouvoir temporel des évêques ; l’un d’eux, Humbert, est assommé par les soldats sur le seuil même de l’église…

Au xvie siècle, la lutte grandit, ouvre la série des beaux massacres. Le capitaine Montbrun — cette fière brute qui envoyait promener son maître Henri III, de si belle façon : « Comment ! le roi m’écrit comme roi ? Cela est bon en temps de paix, mais en guerre, le bras armé, le cul sur la selle, tout le monde est compagnon ! » — Montbrun, à la tête du parti protestant, tente en vain de s’emparer de la place ; en 1577, son successeur a plus de chance : il entre, tue et brûle — et après lui, voici Maugiron et Lesdiguières. Mèmes tueries, mêmes pillages.

Enfin la paix est faite. N’en croyez point. La guerre continue, sinon à