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le dauphiné.

Combien de temps vécut Nicolas Barnaud ? Où est-il mort ? Séjourna-t-il dans son pays ? Autant de questions sans réponse. Et je m’étonne que quelqu’un n’ait pas encore songé à nous écrire le roman prodigieusement divers de cet homme que personne ne connaît, ce grand homme qui fut un révolté avant La Boëtie, un prophète avant Rabelais, un défenseur de la tolérance avant Voltaire.

Laissons Nicolas Barnaud : allons à Aouste, en suivant des chemins

Die — La cathédrale.
fous à travers vignes. Aouste, l’ancienne capitale, qui n’a gardé de ses Voconces qu’une inscription déposée chez le notaire ; Saillans, à l’embouchure du Riousset, étranglé par les crêtes de Rochecourbe et de Barry.

La Drôme s’essaye à son rôle de torrent alpin et y réussit à souhait : elle gronde, crache, jure dans son lit trop étroit ; au-dessus d’elle, la montagne grise se dresse en perspectives troubles, toute disloquée, lambrequinée de gargouilles.

Pontaix glisse vers l’eau et veut se rattraper en scellant à la roche ses maisons hors d’équerre, son château rasé par le duc de Mayenne et ses ruelles voûtées, semblables à de longs boyaux de mines.

Sainte-Croix et Quint, dernière possession des empereurs d’Allemagne en France ; Saint-Julien, où Louis XI fut saisi par un ours. Il était perdu ( pas l’ours, mais Louis XI) quand deux bûcherons, accourus, tuèrent l’animal à coups de hache. Le souverain, pour récompense, les anoblit. Ils portèrent « d’or à la patte d’ours ».

« Les petits-fils de ces deux braves, dit M. Léon Barracand, ont pullulé depuis et peuplent la montagne, toujours nobles et toujours bûcherons. Quant aux ours, on en voit encore ; l’administration des forêts les conserve, paraît-il, précieusement, trouvant que, mieux que les gardes, par la terreur qu’ils inspirent, ils écartent les maraudeurs et les voleurs de bois. »


Et à la descente de la Sure, ce sont des gorges plus étroites qui se