Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.
315
le dauphiné.

 Les corrections sont expliquées en page de discussion

surprendre en nos lits et nous égorger, comme vous avez fait dernièrement pour l’amiral. Ce n’est pas à gens sans défense que vous avez affaire ici. Allons, mignons dorés, approchez et venez voir s’il est bien facile de tenir tête seulement à nos femmes ! »

« Le roi, irrité, fit distribuer un quart d’écu d’or à chaque soldat pour venger des insultes de cette canaille ; mais tout fut inutile : les revers et les maladies s’étoient unis pour démoraliser son armée. Il leva le siège, échappant avec peine aux poursuites de l’ennemi… »

Montélimar.

À Livron, cliquettent déjà les cigales ; à Loriol, halte fraîche au milieu des hogues brûlées, les cigales cliquettent plus fort ; à Montélimar, on n’entend qu’elles. Ça y est. Vé, la Provence ! Je vois des grenadiers, des genêts d’Espagne, des glaïeuls — et les premiers oliviers aux feuilles de bronze. Les blés et les luzernes baignent dans une limpide clarté, sous le ciel verdissant dans l’or.

C’est une délicieuse petite ville que Montélimar : elle vous a des rues qu’on dirait coupées dans les pralines de ses nougats, tant les maisons en sont proprettes et blanchettes ; elle vous a un large boulevard de ceinture — son orgueil — et un jardin public son autre orgueil — qui n’a pas son pareil (prononcez avec l’accent) dans toute la province.

Sa plaine est d’une richesse proverbiale ; ses deux rivières, le Roubion et le Jabron, se comportent assez bien pour des rivières méridionales, puisqu’elles gardent quelques litres d’eau toute l’année ; ses moindres mas