vent violent, brouillard, hiver précoce… Terres froides, en opposition avec les terres basses de Bourgoin, aux cultures épanouies, aux moissons pleines de grande Beauce dauphinoise.
… Le soleil s’est couché dans un trou de ciel rouge. Du haut de l’immense terrasse, l’ampleur magnifique des choses s’est encore exaltée. La nuit a glissé sur elles comme un voile qui se déroule… Et une rumeur confuse monte… On dirait d’un halètement continu, le souffle colossal de la terre.
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/48/Donnet_-_Le_Dauphin%C3%A9%2C_1900_%28page_33_crop%29.jpg/480px-Donnet_-_Le_Dauphin%C3%A9%2C_1900_%28page_33_crop%29.jpg)
Quelle idée baroque me traverse la tête ? À la lueur des étoiles, je vais gravir une diablesse de côte pelée qui se dresse là, tout proche. Et en avant ! avec des airs d’alpiniste, sur les cailloux pointus dévalant à chaque pas.
Le hameau des Charpennes dort, frileux, sous la couverture de ses chaumes — et puis un sentier étroit s’enfonce, en vrille, dans la touffe serrée des bois de Silve-Bénite, que la lune, à travers les découpures de ses arbres, éclabousse de jaunes soufres.
On grimpe, on grimpe régulièrement, dans l’épaisseur ouatée des gazons humides… Le calme de cette forêt ! sans qu’une pesée d’air la fasse sortir de son immobilité !…
Et soudain le rideau se déchire, une clairière laisse voir à nos pieds le lac de Paladru, d’une blancheur éteinte, mystérieuse… Et c’est bientôt Paladru lui-même, qui se détache sur un mur de chênes et de noyers.