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le dauphiné.

et Ponce de Durand. Le traité conclu, le 30 octobre 1229, stipulait le rasement de la Maison de la Confrérie, la défense des assemblées, sans la permission de l’évêque et l’amende de 6,000 marcs d’argent. »

La liberté était perdue !

Enfin, après tant de vicissitudes, Valence devient sujette du roi. Ses franchises sont rapidement reconstituées ; ses consuls ont le droit de siéger aux États généraux et d’exercer leur administration sans contrôle.

« Les hommes de guerre, dont extrême était l’insolence, s’emportaient bien souvent contre eux en graves sévices ; mais de promptes punitions vengeaient aussitôt leur honneur outragé.

« Du Rochay, lieutenant garçon-major de la Gervesais, ayant frappé à coups de canne un magistrat, la communauté contraint l’agresseur de faire en pleine assemblée d’humbles soumissions, avec sincère repentir.

« Le sieur Baron, ayant été grièvement insulté par deux officiers du régiment de Montmorency, ses collègues, irrités, se réunissent. Il est décidé qu’il sera dressé plusieurs plaintes que l’on enverra au duc d’Orléans, au ministre de la guerre, au commandant et intendant de la province et au gouverneur. La requête obtient satisfaction. Les officiers présentent des excuses et la ville ne les accueille que sur les instantes prières de l’évêque. »

C’est aux consuls qu’était commis le soin de recevoir les souverains et les princes à leur passage. Ils leur offraient, suivant coutume, des vins de marque, du gibier, des fruits et surtout, ajoute avec humeur l’ancien archiviste de la Drôme, de longues, belles et interminables harangues :

« À Charles VIII, fust octroyé cadeau d’une tasse d’argent de la valeur de 15 écus.

« À Louis XII, fust octroyé cadeau de vingt muids de sel. Tout le corps de la communauté, les syndics, l’Université et la milice municipale étoient allés le recevoir en belle et noble ordonnance. Le recteur de l’Université, revêtu de la robe noire fourrée d’hermine, le bonnet carré en tête, précédé de ses bedeaux, étoit au premier rang ; après lui marchoient le chancelier et les professeurs, tous avec leurs costumes ; enfin, les pédagogues, aussi en robe. Les consuls, avec les insignes de leurs charges, entourés de leurs sergens, présentoient les clefs de remparts sur un bassin d’or, le plus révérencieusement qu’il étoit en leur pouvoir. Les beaux esprits récitoient alors des éloges en vers, des discours en grec, en hébreu, en chaldéen, en syriaque, en anglais, en allemand. Enfin, les soldats, revêtus de morions et de corselets, maintenoient le bon ordre, ouvroient et fermoient l’entrée et faisoient de beaux saluts d’arquebusades. »

Valence fut la première ville du Dauphiné où la Réforme s’introduisit.

Après la Saint-Barthélemy, la guerre éclata dans toute la vallée. Un grand nombre de huguenots furent jetés dans les prisons ; la foule les massacra.