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montrèrent le même manque d’énergie, divisés entre eux, énervés par la corruption des mœurs, n’opposant que de vains efforts, sans unité. »

Tribulations sur tribulations, Valence poursuit sa vie, pénible, incertaine. Elle appartient maintenant au royaume de Bourgogne ; bientôt les comtes de Toulouse s’en emparent. Elle a encore un semblant de liberté. En 1157, elle n’en a plus ; l’empereur Frédéric 1er l’abandonne au pouvoir religieux. Mais cette passade excite la jalousie des seigneurs qui regardent,

Statue d’Émile Augier.À Valence.
avec dépit, s’accroître une influence rivale.

Gontard, comte de Chabeuil, se met à la tête d’une ligue. Il est vaincu, jeté dans un cachot ; et la misère retombe, plus implacable encore, sur les pauvres Valentinois.

Pourtant la révolte approche. Les bourgeois marchent contre leur évêque, le jettent hors des murs. Après quoi ils se réunissent, afin d’aviser à la formation d’un gouvernement stable. Ils nomment un directeur et un magistrat, tous deux assistés de conseillers. Un vaste bâtiment est destiné aux réunions ; on l’appelle la Maison de la Confrérie. Chaque citoyen est appelé à émettre son vote.

« Mais pendant ce temps, Giraud-Bastet, seigneur de Crussol, faisait envisager aux révolutionnaires tous les désastres des combats qu’ils auraient à soutenir contre leur pasteur et ses nombreux partisans. Il leur dépeignait ces derniers, courroucés par une longue résistance, les livrant aux rigueurs des plus affreux supplices.

« Bas vassaux et manants, touchés de la crainte que leur inspiraient ces préparatifs, s’en rapportèrent à la décision des arbitres proposés par le sire de Crussol. Ces arbitres étaient Guilhaume, comte de Genève, Raymond Bérenger, prince de Royans, Roger de Clayrieu, Pierre de Bucion