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le dauphiné.

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Le jour filtre, pâle, à travers les hautes fenêtres en arcs brisés que séparent des colonnettes en filigranes.

Et au dehors, le poème d’ogive grandit, maîtrise l’âme. Les sculpteurs ont habillé de dentelles la façade, épanoui les statues autour du portail, tordu les gargouilles en louches grimaces…

Romans.

Tout cet essor éperdu de pierres marque la route du moyen âge vers le Ciel. Aux bruits d’asthme de ses vieilles orgues, aux bourdons chevrotants de ses vieilles cloches, souvenirs des gloires lointaines, la vieille église vibre encore. Elle se redresse dans ses très vieux atours, appelle les siens ; mais personne ne lui a répondu… Les indifférents s’écoulent le long de ses marches. Quelques bourgeois ont bâillé sous ses voûtes, des couples de gens du monde, en culottes de bicyclistes, ont examiné, d’un air las, son maître-autel en marbre noir, spécialement recommandé par le guide Joanne.

Et la pauvre aïeule, devant pareille froideur, s’est retirée, triste, sans trop comprendre son abandon… Et elle a demandé grâce au bon Dieu pour ses fils, dont la foi, la foi radieuse d’enfant, est morte et ne reviendra plus… jamais plus…

Un obligeant bedeau me mène dans la sacristie où se trouvent diverses toiles, pas mauvaises du tout, d’écoles flamande et italienne ; un christ en