Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.
301
le dauphiné.

numéro de la Gazette de France, trouvé ici par je ne sais quel prodigieux hasard, nous partîmes.

Vers la fin du xie siècle, Saint-Antoine s’appelait la Motte-Saint-Didier. Et son seigneur s’appelait Guillaume Le Cornu, descendant des ducs d’Aquitaine.

Ce seigneur se mit un jour en tête de visiter le Saint-Sépulcre ; mais, au moment de s’embarquer à Marseille, il tomba si grièvement malade qu’à

Le pont d’Iseron.
peine trouva-t-il le temps, avant de mourir, de charger son fils Jocelyn de faire le pèlerinage à sa place.

Jocelyn pleura beaucoup son père et s’empressa d’oublier ses recommandations. Quelques mois après, il partit en campagne, fut blessé dans une escarmouche, garda la chambre pour se guérir — et c’est durant ce repos forcé qu’il eut un songe étrange : il vit saint Antoine, le fondateur de la vie monastique, mettre en fuite, à coups de bâton, des damnés qui l’assaillaient, en lui criant : « Viens brûler avec nous, traitre à ta foi ! »

Le jeune homme alors brusquement se souvint de ses promesses non réalisées… L’enfer qui l’emporterait, si plus longuement il méconnaissait les dernières volontés paternelles…

À peine remis de ses blessures, il gagne Jérusalem et de là Constantinople, où il recueille les restes de son protecteur. De retour en ses terres, il élève une chapelle sur le coteau de la Motte-Didier et dépose les reliques dans une châsse d’ébène.

« Le précieux corps du grand saint devint vite populaire. L’an 1080 vit se propager le « feu sacré » venu d’Orient, à la suite de la croisade. C’était une espèce de gangrène qui commençait par une tache noire et dévorait les