Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/311

Cette page a été validée par deux contributeurs.
295
le dauphiné.

chapitre au livre des superstitions. Ce couvent, fondé par les prélats de Grenoble, longtemps vécut paisible, lorsque Louis de Châlon, prince d’Orange, incendiaire et pillard, envahit le Dauphiné.

Les religieuses s’enfuirent.

Parménie resta abandonné : misère, ruines, délabrement.

Tullins.

L’herbe poussa dans ses assises, et les troupeaux mangèrent cette herbe.

Or vivait, en 1681, une jeune pastoure qui s’appelait Louise Hours. C’était une digne et sainte fille ayant la foi de Jeanne d’Arc.

Elle résolut de relever le vieil édifice.

Tâche surhumaine !

L’admirable entêtée ne sait même pas parler français ! Elle crible le cardinal Le Camus de lettres patoises.

Le Camus ne l’écoute point.

Et de persévérer, d’écrire, d’intéresser à sa cause quelques bourgeois, de tenter exprès le voyage de Grenoble, d’aller s’asseoir, patiente, au seuil de la porte du palais, d’attendre, comme un chien battu, le moment où cette porte bâillera, d’entrer, en rasant les couloirs, pour éviter le coup de pied des domestiques et enfin, triomphe ! d’être reçue par le cardinal, ahuri en présence d’un aussi formidable effort.

Elle lui parle à phrases rompues ; dans son patois trouve des images