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le dauphiné.

Longtemps on chercha d’où provenaient ces vases. Enfin, après avoir torturé textes et bas-reliefs, la science finit par acquérir la certitude qu’il y avait eu là, en ce même endroit, une fabrique de poterie.

Nos archéologues départementaux allèrent même plus loin. Précieux renseignement pour le Bottin : ils allèrent jusqu’à donner les noms de ces industriels en cothurnes. C’étaient, paraît-il, les deux frères Caïus Atisius Gratus et Caïus Alisius Sabinus.

Gratus et Sabinus furent immédiatement présentés aux Académies compétentes. Les Académies compétentes daignèrent approuver.

La tour de Morestel.

Et voilà un important point d’histoire qui semblait éclairci, quand soudain le bruit se répand qu’un troisième Caïus Atisius, l’aîné celui-là, vient d’être découvert.

On recompulse les notes, on retorture textes et bas-reliefs…

Le savant, déjà père de Gratus et de Sabinus, en est frappé d’insomnies. Ce Caïus, quelle profession pouvait être la sienne ? Marchand de pots, comme ses cadets ? Placier de la maison pour toute la Gaule cisalpine et transalpine ?…

Le hasard, qui fut toujours le plus brillant élève de l’École des Hautes Études, amena la solution de ce tant passionnant problème.

Caïus Atisius Primus, le fait est indéniable aujourd’hui, n’était pas marchand de pots. Il ne voulut jamais embrasser cette carrière du négoce que ses puînés devaient suivre avec tant de succès.

Caïus Atisius Primus quitta de bonne heure le tablinum de ses pères, pour se consacrer à l’Administration. Ses talents naturels, ses qualités d’ordre et de tenue lui permirent de franchir rapidement les échelons de la fortune. Il mourut gros fonctionnaire, quelque sinécure analogue à celle de fermier général, en Narbonnais. Fut-il marié, décoré ? On ne sait pas…