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le dauphiné.

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Le mot de cette énigme ? Irai-je le demander à la demoiselle rose qui joue le Danube bleu ? Je n’oserais, sans souliers vernis et gardenia.

Enfin, j’avise un monsieur d’allure moins intimidante. Celui-là veut bien m’expliquer que toutes ces richesses qui m’étonnent si fort sont l’œuvre d’enfants du pays.

« De tout temps, me dit-il, les gens du Queyras ont émigré : d’abord en Espagne et en Italie, ensuite en Amérique. Depuis trente années environ, c’est la République argentine qui les attire. Ils arrivent à Buenos-Ayres avec un petit pécule, s’y installent et régulièrement, poussés par leurs solides qualités montagnardes de travail et d’épargne, font fortune — grosse fortune.

La muraille du Viso.

« Après quoi, ils reviennent en France user de leurs revenus, à Paris, et dans le Midi principalement, sans oublier, il va de soi, leurs vieilles combes du Guil, où tous veulent avoir une habitation d’été. Or comme il n’est point d’endroit mieux exposé qu’Aiguilles, ils ont choisi Aiguilles afin d’y créer cette charmante station. »

Ajoutons, en sorte de louanges, que ces enrichis ne sont pas des parvenus. Leur retour au village natal est pour eux plus qu’une satisfaction d’amour-propre : c’est un devoir de solidarité.

Ils ont aidé à la transformation du sol, en renouvelant les cultures. Grâce à leur initiative, l’élevage du bétail, le lait, sont devenus ressources premières. Sept communes fabriquent un fromage bleu dont la vente