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le dauphiné.

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de routes invraisemblables, innommables. Avant le départ, tout voyageur soucieux d’assurer le sort des siens devait dicter son testament. Et quand il arrivait à atteindre jusqu’en ces profondes reculées, c’était presque là un coup d’audace équivalant à une véritable exploration chez les Fuégiens ou les Groenlandais.

Combe du Queyras. — Le Guil et l’Oratoire.

Les Queyrassins, acculés à l’une des extrémités du Dauphiné, vivaient dans un isolement que, seuls, ces Fuégiens ou ces Groenlandais connaissent des besoins si restreints ! qui leur laissaient ignorer l’usage du coton et du chanvre ! Ils avaient, comme en Vallouise, des draps en peau de chèvre servant une année complète sans lavages ; et pour la cuisson de leurs aliments — à la manière dont en use le chamelier avec les matières fécales de sa monture — ils brûlaient les bouses de vache desséchées.

Heureux Queyrassins ! Longtemps ils conservèrent leurs vieilles coutumes et leurs costumes, plus vieux encore. Longtemps ils eurent des cornettes, des bavettes, des cols plissés, des culottes courtes et de longs habits taillés en sifflets. Ils crurent au diable, aux sorciers.

Un jour, un avocat de Gap, menteur comme il n’est point permis de l’être, même dans sa profession, voyant que les juges n’attachaient pas grande créance à ses serments, s’écria : « Si ce que je dis est faux, que le diable m’emporte ! » Le diable vint et l’emporta sur une crête, où depuis, affirment les gens sérieux, il est assis.

Un autre jour, un tailleur de Ristolas fut invité à prendre part à une