Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
le dauphiné.

La Barre des Écrins.

« À vrai dire, ces doctrines ne diffèrent pas encore formellement de celles de l’Église romaine, même quant aux sacrements. Néanmoins, leur dissidence est plus que justifiée par le fait que la Bible est devenue leur lumière. Ils tournent le dos au pape. Ils se défient des prêtres. Dès le commencement, ils rejettent nettement le purgatoire. Si leurs croyances se meuvent encore dans l’orbite de la tradition catholique, on sent cependant qu’elles vont la briser pour passer dans le Credo renouvelé de la Réforme. En attendant, la vie passe dans les mœurs… »

Pauvres, chastes, humbles, les Vaudois sont avant tout des témoins. Leur oui est oui ; point de serments. Ils se bornent à être fidèles. Ils exercent le sacerdoce universel. De leurs écoles sortent des évangélistes nourris de la plus pure moelle des Écritures… Mais l’Église s’alarme, organise une croisade. Le frère inquisiteur, François Borelly, en brûle près de trois cents. Les autres se cachent. « Bah ! on finit toujours par les rattraper », raconte un historien que cette chasse a l’air d’amuser prodigieusement.

En effet, on les rattrape tous. Le peu qui reste abjure devant le Saint-Office, ou plutôt fait semblant. En réalité, le culte continue. La nuit, cachés dans les forêts, ses néophytes se réunissent…

L’archevêque d’Embrun donne l’ordre de rallumer les bûchers. Et dans sa bulle de 1497, Innocent VIII promet « à tous les gens de sac et de corde qui courraient sus aux hérétiques rémission pour tous les crimes commis, immunité pour les vols et rapines du passé, et pour