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le dauphiné.

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Le mont Genèvre qui rappelle la ruée des races battant les Gaules. Entrée principale des Alpes, dédiée, pour cette raison, à Janus (de là se forma mons Genua et, par altération naturelle, mont Genèvre).

Ce passage, ouvert en pleines strates dures, à 1,860 mètres, fut élargi et réparé souvent. Les prisonniers y travaillèrent sous le règne d’Auguste ; et plus tard, Titus en diminua la pente, ainsi que l’affirme une inscription. Enfin, au commencement de ce siècle, le préfet Ladoucette, d’après les ordres de Bonaparte, fendit le granit à 500 mètres de hauteur, reliant ainsi, d’un seul jet, les Hautes-Alpes au Piémont.

Col et village du mont Genèvre.

Au milieu du plateau, isolé sur son dôme, le village frontière rassemble ses cahutes basses… La dernière auberge où l’on parle français ! La dernière, où nous verrons Félix Faure et Nicolas apothéosant l’alliance avec Gambetta et Carnot ! La dernière où nous verrons le bon gendarme dans ses bottes !…

Près du clocher, se dresse l’obélisque, le poteau indicateur : FRANCE — ITALIE.

Un pas au delà — et le chemin se creuse brusquement ; les roches semblent vouloir s’évader des gangues de leurs bases pour s’étreindre ; elles se tordent en volutes effroyables, se déchiquettent en aiguilles, en pointes, en subites tranchées, béantes comme des gueules de cratère…

Et ainsi l’on marche dans ce paysage monstrueux et hagard, dans toute cette montagne : face tragique, ravagée, pleurant des larmes noires…

Et ainsi l’on marche — jusqu’à Césanne — à travers des entassements