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le dauphiné.



Briançon. — Le pont d’Asfeld.
« La pauvreté des ressources du sol est un stimulant naturel à chercher ailleurs ce qu’il refuse. » Les hommes économisent leurs sous pour acheter une pacotille et s’en aller, petits marchands, dans les villages. Plusieurs se font dentistes, empiriques, entrepreneurs de spectacles ; d’autres passent la mer, vont aux États-Unis, en Orient, vendre des oignons de fleurs, des plantes rares…

« Toutes ces parties les moins favorisées de la région dauphinoise sont devenues rapidement les plus commerçantes. L’industrie paraît être particulièrement réservée pour ceux du bailliage briançonnais, écrit, en 1698, l’intendant Bouchu. Ces derniers, avec des commencements des plus faibles qu’on puisse imaginer, acquièrent assez communément des richesses considérables par les commerces qu’ils vont faire indifféremment par tout. Ce sont aussi les plus travailleurs ; ceux de la plaine n’en approchent pas en aucune manière ; d’où il arrive que les habitants du bailliage, qui sont obligés de se passer des choses nécessaires à la vie que leur pays ne produit qu’en très petite quantité, sont néanmoins pécunieux, et que les habitants de la plaine, au contraire, dans un pays fertile et abondant, le sont fort médiocrement. On ne peut faire aucune comparaison de la force pécuniaire entre les uns et les autres. »

Les choses ont changé de nos jours. Briançon doit moins à ses émigrants.

Sur la rive gauche de la Durance, des fabriques se sont installées. L’une d’elles occupe près de quinze cents ouvrières au peignage des déchets de soie.

Cependant la plus sérieuse richesse tient encore dans l’élève du bétail. À partir de Plampinet, au-dessous du Col de l’Échelle, partout des prés soigneusement irrigués ; des laiteries modèles qui expédient, chaque année, 200,000 kilogrammes de beurres et de fromages recueillis dans le Queyras, le Champsaur et le haut Oisans. Et ces résultats ne sont rien auprès de ce qu’une exploitation raisonnée pourrait obtenir, si, « au lieu de livrer la montagne aux moutons, on l’aménageait pour fournir du foin et faire des pâturages analogues à ceux de la Savoie ».