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le dauphiné.

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Briançon, à l’époque où les Sarrasins envahirent la province, ferme ses tours et maintient son indépendance ; Briançon, en 1815, résiste sans troupes à un blocus de trois mois et conserve la place.

Sa devise porte : Petite ville, grand renom. Devise chèrement acquise.

Cette nécessité de résistance a développé de bonne heure, chez elle, la volonté, « une volonté froide, constante, tendue vers le but, que rien ne décourage, ne fait tomber ».

Porte de Briançon.

Au dire d’un auteur du xviiie siècle, « les Briançonnais sont ennemis de la dépendance et beaucoup républicains. Une marque de l’inclination qu’ils ont pour l’indépendance, c’est qu’il n’y a pas chez eux un seul gentilhomme ; ils se sont tous rachettez de leurs seigneurs ou se sont servis des temps de guerre pour s’en défaire. »

À l’opposé de toutes ces qualités, il faut bien un défaut : l’avarice, défaut montagnard.

« Ils ont très peu de confiance les uns dans les autres, continue notre auteur ; ce qui fait qu’ils ne traitent d’aucune affaire sans écrire, précaution d’autant plus utile entre eux que, d’un moment à l’autre, ils ne font pas façon de se dédire de leur parole donnée. Aussi bien cette réserve s’explique naturellement par les difficultés attachées à leur existence, le fait de renouveler sans cesse un effort maigrement payé. »

En ce climat dur, cette montagne dure, nue, pelée, où l’on compte « 100 hectares de terres arables pour 1,500 bouches », l’argent a une valeur double, « proportionnée aux maux subis pour l’acquérir ».