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le dauphiné.

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traîneaux ; des gaillards en cabans nous regardent partir, des guides, fortes silhouettes, debout contre les montants des portes… Et ce qu’ils vous ont un petit air de mépris à l’adresse de tous ces craquelins des villes qui ne verront jamais la Meidje, c’est sûr, que par le bas !…

À la sortie même du bourg, on traverse le Morian, venu du glacier Lombard ; on traverse un premier tunnel, un second tunnel et c’est une jolie chose qui émerge d’une tapée de maisons : Villard-d’Arènes et son clocher, au bord de la Romanche ; et tout autour, lancés pêle-mêle dans les essarts, des hameaux : Ventelon, Pramêlier, Rivet, les Hières, les Terrasses, minuscules, misérables hameaux de paille…

Dans les gorges
du Villard-d’Arènes.

Et des prairies ! Oh ! qu’en voilà par gerbes de chaque côté de la route ! Le vaste steppe s’étend jusqu’au col du Lautaret.

Le fameux, l’inoubliable Lautaret, l’ancienne et naturelle limite du pays d’Oisans, le point de jonction entre le massif du Galibier et le massif du Pelvoux. Le Lautaret, une surprise pour les botanistes, une jonchée de fleurs appartenant aux espèces les plus variées, depuis les lichens et les saxifrages de Laponie jusqu’aux renonculées de Provence.

Hélas ! ce joli parterre dure deux mois à peine — juillet et août passé ce temps, c’est l’hiver. Un hiver où les neiges chargent les défilés à la hauteur des poteaux de télégraphe !

Entrons dans le Briançonnais, le long de la Guisanne. Fond de vallée grise, brèches taillées à coups de mine dans les schistes, et en ses divers étages, des gisements d’anthracite exploités de primitive façon.

Bientôt le pays change, perd de sa rudesse.