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le dauphiné.



Autour de la Grave.
portés par de gigantesques rochers d’où leurs eaux tombent d’une telle hauteur qu’elles ne peuvent atteindre le sol et sont dispersées en nuages par les vents. »

Triste, la combe de Malaval, un couloir de pierre. Aridité, désolation, toute la lyre d’un poète pessimiste : têtes neigeuses, flancs déchiquetés, bases couvertes de débris, — et la Romanche, encore, par là-dessus.

Peu de bois, très peu de culture ; champs de seigle aux taches jaunes. Le Rif-Tort écumeux, et là-bas, à gauche, près de l’ancien hospice de l’Oche, fondé par Humbert II pour abriter les voyageurs durant les tourmentes, voici venir les Balmes, trois ou quatre cabanes-tanières, mitrées d’immenses dalles d’ardoises.

Et puis, c’est le Grand-Clos ou se maintiennent en piteux état les hangars d’une vaste usine servant autrefois au traitement du minerai de plomb.

Et puis, c’est la vallée qui, jusque-là resserrée, s’entr’ouvre, se ranime, se repeuple ; et c’est le village des Fréaux qui s’éparpille ; et c’est la Grave, roulée en tas sur son arête, enveloppée dans ses glaces comme dans un linceul.

La Grave, ce nom est éloquent. Y vivre est chose « grave ». Froid intense, grêles récoltes. Dans les maisons, étable, cuisine et chambre à coucher ne font qu’un. Pour nourriture, des pommes de terre, du pain de seigle pétri à l’eau bouillante, au moyen de pelles en bois. On ne cuit guère la pâte qu’à deux reprises par année.