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le dauphiné.

merait encore le touriste de M. Levasseur. Le torrent s’écorche aux rocs et disparait dans les replis des gorges. Pointée en aigrette sur sa falaise grise, voici la chapelle de Saint-Ferréol, qu’un ancien évêque d’Orange, né à Villard-Reculas, éleva.

Plus loin, à travers anfractuosités et abimes : les prairies de Brandes.

La Chapelle-en-Val-Gaudemar.
Il y a encore du gallo-romain là-dessous. Il y a les fameuses mines, déjà signalées lors de notre passage à la Garde. D’après Héricart de Thury, de très importants travaux furent poussés, et poussés très loin : établissement d’une usine modèle où le minerai brut subissait l’élaboration première. Pour main-d’œuvre, des prisonniers. Brandes devint colonie pénitentiaire, dirigée par un chef qui habitait une tour voisine.

Ah ! dame, nous n’avions pas inventé la poudre à cette époque, et les procédés de perforation avançaient lentement. On creusait à la pioche, cahin-caha. Parfois il y avait des glissades, des inondations ; mais les ingénieurs ne s’effrayaient point de si peu. Comme ils avaient affaire à des condamnés, ils les lançaient en avant, dans les décombres, et ceux d’entre eux que les décombres épargnaient remettaient les voûtes en place — et le travail d’extraction continuait…

Longtemps ce travail marcha à gros bénéfices, jusqu’au jour où les Barbares chassèrent les Romains. Alors les puits se comblèrent d’effondrilles, l’herbe poussa dans les galeries.

Ci-gît Brandes. Elle ne ressuscitera que vers 1200, sous les dauphins. Son usine connaîtra la plus haute prospérité, jusqu’au moment où la pro-