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le dauphiné.

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« Il est plus facile de jouir du spectacle des sommets que de les décrire, déclare prudemment M. Levasseur. Le pinceau peut traduire en partie ce genre de grandeur dont les formes sont cependant à l’étroit sur une toile. La plume est impuissante, parce que la pauvreté du langage la condamne à une monotonie de redites qui n’est pas dans l’œuvre de la nature. L’écrivain qui réussirait peut-être l’esquisse de quelque coin des Alpes échouerait infailliblement dans la tentative de rendre toute la chaîne ; la banalité de ses expressions rappellerait la naïveté du touriste s’écriant à chaque tournant d’une route : Oh ! que c’est beau ! oh ! que c’est beau ! »

Le col de la Lauze.

Au diable les subtilités de langue ! Il a raison, le touriste de M. Levasseur. Quand c’est beau, on dit que c’est beau, sans en chercher davantage. Économie de temps et d’imagination. Oh ! que c’est beau ! ce glacier du mont de Lans, avec devant soi les Écrins, les crêtes du Pelvoux, le pic des Grandes-Rousses et le mont Blanc, l’inévitable mont Blanc, olympienne silhouette qui, de quelque côté qu’on se place, coupe le ciel !

Oh ! que c’est beau ! ces couloirs de neige aux tons d’aigue-marine ! oh ! que c’est beau l… Et que c’est gentil, la Garde : pâturages, fleurs et sources limpides, fraiches, tout ce qu’il faut pour servir de décor aux bergeries de Théocrite !

La Garde remonte aux Césars et n’en tire pas vanité, croyez-le. Dans