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le dauphiné.


Entrée de la grotte de Balme.
vide — mais Crémieu était morte, morte au négoce ; son industrie locale, sans crédit et sans capitaux, tombait, au moment même où elle allait enfin pouvoir s’épandre…

Le juif avait emporté avec lui, dans sa fuite, les secrets de son entente merveilleuse des matérialités de la vie, la science du travail et des richesses faciles.

… Toujours à travers les escarpements des bords du Rhône ; à travers les premiers gradins des Alpes, timides encore, à fleur de terre…

Un immense arc de triomphe, taillé à coups de hache dans l’épaisseur des blocs de rocher, donne accès à une des merveilles les plus incontestablement « merveilles » de ce pays de merveilles :


Dans la grotte.
La Grotte de la Balme.

On entre : un torrent passe, bouillonnant à vos pieds.

On entre — et soudain cette voûte haute comme une cathédrale, cette voûte s’abaisse, s’écroule, presque à portée de la main. Des excavations se suivent : autant de niches à icônes, chargées de cristaux, qui brisent la flamme des bougies, la dispersent en gouttelettes brillantes, ruisselantes coulées de diamants.

Nous pénétrons. De petits bassins arrondis versent leurs eaux les uns dans les autres. Et des blancheurs s’étendent, gagnent vers le fond… Tout est blanc, dans ce demi-jour fluide qui semble dater des âges où la lumière n’était pas…