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le dauphiné.

n’offre qu’un champ de cailloux, où les torrents serpentent en minces filets, chargés de sédiments. Il est grand temps que l’œuvre de reboisement répare le désastre et rende à la France ces régions devenues presque inhabitables. Du reste, sur toutes les pentes où de sérieux essais ont été faits, les monts commencent à reprendre leur parure ; de jeunes forêts

Glacier et vallée de la Pilatte.
verdoient çà et là et des hauteurs, naguère nues et mornes, reprennent un aspect de fraicheur et de gaieté. »

Nulle part on ne s’en rend mieux compte que dans cette vallée de la Romanche retrouvée enfin après avoir franchi la combe de Lavey.

Les maisons se jettent sur les pelouses comme un jeu de dominos brouillé. Les verdures s’épaississent, moutonnent à l’infini. La vue trace une immense circonférence remplie de choses désordonnées, capricantes, cahotantes et cependant toujours harmonieuses. Il y a de la composition, un agencement rythmique des lignes, une suprême beauté saine et stable, dans ce pêle-mêle intraduisible de gagnages et de sapins, de ruisselis et de cascades. On descend, et la scène se magnifie encore, poème sans fin de la montagne, gloire des Alpes qui flambe au soleil…

À gauche, l’amphithéâtre d’Auris, derrière les futaies de Bons, les collines de Besse, et au-dessous, les coteaux de Mizoen, l’église du Mont-de-Lans aiguisant sa flèche…

Mont de Lans et son glacier, qui déverse ses coulées immobiles dans