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le dauphiné.

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Je me souviens de cette phrase de Gœthe :

« La montagne m’a fait grande et paisible impression. Le sublime procure à l’âme un calme heureux ; elle en est parfaitement remplie, elle se sent aussi grande qu’elle peut l’être. Qu’un sentiment si pur a de charmes lorsqu’il s’élève jusqu’au bord, sans se répandre par-dessus ! Si la destinée m’avait appelé à vivre dans une grande contrée, j’aurais voulu chaque jour me nourrir par elle de grandeur, comme je me nourris dans une gracieuse vallée de patience et de paix. »

La route est un tour de force dont les ponts et chaussées peuvent être fiers. Par endroits, elle n’a pas plus de largeur que le break qui nous transporte. Un écart du cheval : et nous allons prendre la mesure exacte d’un précipice de cinq cents et quelques pieds… Charmant précipice, du reste, très boisé, très verdoyant, au fond duquel on doit mourir, comme l’exige Ibsen : — en beauté.

Viennent les chagrins de cœur m’assaillir, joints à la perte d’une fortune, hélas ! encore problématique, et je m’engage à ne point trancher ailleurs qu’en ces lieux le fil, désormais inutile, de mes jours. Mais nous n’en sommes pas là… Je me hâte de descendre, C… suit mon exemple ; quant à Pompée, il y a longtemps qu’il a pris cette prudente détermination.

À l’entrée de la Bérarde.

Traversé Venosc, une oasis de verdure encadrée de monts arides, disent les guides — et c’est la vérité même. Venosc, étroite conque