loin, dentelées par les feuillages sombres de leurs sapins ; plus loin, encore, les Grandes-Rousses allongent leur échine neigeuse. La Romanche ici est sage, assez pour obtenir un premier prix de tenue dans le concours des torrents dauphinois, à peine froissée, limpide, miroitante, ses rives lustrées de verdure fine. La route est très droite, encadrée de prairies grasses et humides, de champs de seigle aux tons d’argent bruni.
À l’extrémité de cette route, un écheveau de maisons blanches se dénoue au pied d’une butte : le Bourg d’Oisans, la capitale, une surprise ! On s’attendait à trouver quelques débris d’ajoupas, noirs, sales, terreux ; on s’attendait à coucher dans d’invraisemblables lits, plus abondants en punaises que ceux des burons auvergnats – et pas du tout, voici « une riante villette propre et vivante », de bons hôtels confortables, un ruisseau modèle, plein de truites, un centre agricole de premier ordre ; le marché toutes les semaines, plusieurs foires et des milliers de têtes de bétail allant paitre jusqu’en ces hameaux de chaume, suspendus comme des ruches d’abeilles aux sommets voisins. Mais, ô désespoir d’archéologue, pas un monument, pas un château, pas une tour, rien, sauf l’église, avec deux ou trois détails romans, à peine curieux.