Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
le dauphiné.

Et le tambour de ville s’en va plus loin, roulant sa caisse, suivi d’une nuée de gros moutards se cognant et braillant, la chemise à l’air.

Mais voici le boulevard de la Liberté et puis l’avenue Carnot — l’inévitable avenue Carnot — bordée de cafés et de magasins flambants. Ça, c’est du Gap moderne ; ça, c’est du Gap bien tourné !

Dirai-je aussi les bords de la Luye, la promenade, une allée de noyers énormes plantés sur les revers de la route d’Embrun ; le jardin départemental,


Les ruines de Tallard.
champ intéressant d’expériences où l’on cultive, avec des engrais divers, la vigne et les fourrages ?…

Dirai-je l’église de style romano-gothique, l’hôtel de ville, vieux de 1743 et la statue tombale du connétable, un chef-d’œuvre de Richier ?

Et Tallard ? Ses ruines saignantes au soleil couchant, dont il ne reste que le donjon, la chapelle et les tours…

Les tours datant du xe siècle, œuvre des Sarrasins. Quant à l’élégante chapelle qui sortit presque intacte de l’incendie de 1692, allumé par les Piémontais lorsqu’ils envahirent le pays sous la conduite de leur roi, on nous apprend que les fondements en furent jetés par Bernardin de Clermont, premier grand baron dauphinois, et que ce travail ne prit fin qu’avec Antoine, son fils, en 1546.

« Grâce à Bernardin, le vieux donjon devint une des plus belles résidences de la province. La partie septentrionale était destinée aux hommes d’armes ; de ce côté se trouvait l’unique entrée du château que fermait une lourde porte de chêne et que défendaient les canons de trois tours, dont les feux s’entre-croisaient ; celle de l’angle nord-ouest servait de prison : le triple rang de barres de fer qu’on voit encore le prouve. La salle des armures, en partie conservée, occupait de ce côté tout le premier étage ;