Page:Donnet - Le Dauphiné, 1900.djvu/200

Cette page a été validée par deux contributeurs.
186
le dauphiné.

Pauvre pays que celui-ci, le plus pauvre des Alpes et généralement inconnu ! L’aspect désolé de ses sites n’est pas fait pour attirer le touriste…

Il est difficile d’imaginer un coup d’œil plus fantastique que celui des hauts sommets, vus de la Salette, par exemple. Pics décharnés, éboulis blanchâtres : on dirait un paysage lunaire, observe un géologue. « Partout des

Aspres-sur-Buech.
blocs croulants sur des arêtes pierreuses. Ces arêtes, réduites à l’état de minces feuillets schisteux, se détachent sous l’influence de l’air, et leurs cassures aiguës et tranchantes deviennent alors de véritables phonolithes. À chaque chute de matériaux que l’on provoque, on entend comme un bruit de cloche que l’écho répercute… »

Pauvre pays que celui-ci… Pourtant, dans les parties basses, la végétation naine des rhododendrons commence déjà à envahir les mondrains, avec les gentianes d’un violet clair, les bruyères roses et les pins groupés par bouquets. Les bords de la Souloise chantent la gamme de tous les verts, et jusqu’à 1,800 mètres, forêts et pâturages se succèdent en damiers. Montons, montons toujours ! Il y a de vrai et beau Dauphiné là-haut à regarder :

Au nord, des flots pressés de roches se nouant autour de la pyramide d’Obiou, et, plus loin, dans une reculée de nuages, la gigantesque chevau-