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le dauphiné.

d’hommes qui, quand ils nous verront dessus, osent venir ; car c’est le plus horrible et épouvantable passage que je vis jamais. »

Le premier président envoya aussitôt un huissier « à fin de constatations, mais cet huissier revint tout tremblant, disant qu’il n’avait voulu s’exposer d’y monter, par le danger qu’il y avait de périr ou de peur qu’il ne parût tenter le Seigneur ».

Dom Jullien, à défaut de magistrat pour dresser procès-verbal sur le lieu d’accès, prit alors le parti d’être son propre témoin. En conséquence,

Saint-Étienne-en-Devoluy.
il rédigea une pièce dans laquelle il affirma « être monté, avec ses compagnons, au sommet du pic nuageux et y avoir vu des oiseaux sauvages rouges, noirs et gris, des corneilles à pieds rouges et infinité d’autres oiseaux qu’il ne connaissait pas, ainsi que quantité de fleurs de différentes couleurs qu’il ne connaissait pas non plus ».

Et maintenant, du xve siècle il faut passer au xixe pour retrouver de nouvelles tentatives d’ascensions. Le 16 juin 1834, un paysan nommé Jean Liotard voulut renouveler l’exploit du capitaine de Charles VIII.

Quelle montée ! et quelle descente surtout !

« Il voyait tout en feu, il ne se rappelait de rien, sinon d’avoir recommandé son âme à Dieu. Il arriva en bas, sans chapeau, sans veste, sans souliers, presque sans culottes, et l’esprit si troublé qu’il lui fallut plusieurs semaines de repos après une aussi rude épreuve. »

Mais c’en était fait de la réputation d’hermine du mont inaccessible. À dater de ce moment, il perdait son prestige. Depuis, grâce aux travaux