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le dauphiné.

Roches tailladées, ravins inextricables, les habitants doivent mourir de faim au milieu de leurs cailloux ?

Erreur. L’agriculture obtient ici des récoltes variées, abondantes et de superbe venue. Où ce n’étaient que broussailles, pousse aujourd’hui le cep ; des terrains d’alluvion souffraient de la sécheresse : plusieurs canaux ont été construits. Ils suffisent amplement à l’arrosage, même dans les années de pluie très rare.

Le col de la Croix-Haute.

Et des forêts !… épaisses, profondes ! La forêt d’Esparron, la forêt de Tréminis : 1,668 hectares de hêtres et de sapins, pêle-mêle dans les traînées d’éboulis.

L’Orbanne et son ruisseau ; Mens, l’ancien chef-lieu couché sur une moquette de prairies. Mens fondée par Néron – Forum Neronis, vers l’an 60 — un bourg correct, aux voies largement percées, dernier refuge des protestants, après la Ligue.

Saint-Michel-les-Portes, humble petit trou. Stupéfaction profonde : dans ce petit trou, il y a un nègre vêtu de sa gandoura ! Vision d’Afrique, parmi ces pics de glace : je me revois dans ma pirogue, entre Saint — Louis et N’Diago… Par Allah ! que diable est venu chercher ici ce bon nègre ? J’ai bien envie de le lui demander, mais le train se remet en marche.