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le dauphiné.

la brèche : aux assauts, aux sorties, aux fascines, et, hasard extraordinaire, jamais ne fut blessée ! (Ce qui est moins extraordinaire, c’est que la bataille finie, personne ne songea même à la féliciter. Héroïne obscure : ses compatriotes oublièrent jusqu’à son nom !)

Le siège durait depuis un mois. Mais Mayenne savait attendre, certain du succès. Sans vivres, sans munitions, qu’espéraient donc ses ennemis ?

Ils se rendirent, après avoir brûlé maisons et citadelle. Et deux règnes s’écoulèrent durant lesquels, au milieu des fureurs de la Ligue, ces héroïques entêtés restèrent fidèles à leur Réforme. Vers 1630 seulement, ils revinrent au culte catholique.

Lacs de Laffrey.

Il semble, puisqu’ils faisaient tant que de le reprendre, qu’ils eussent mieux fait de ne jamais le quitter…

Passons… Il y a devant nous, aux abords de l’ancienne place forte, des terres d’aspect assez rébarbatif. « La grande végétation ne s’est pas emparée de ce fond d’un ancien lac entouré de hauts sommets couverts de pâturages. » On sent que nous sommes loin de l’heureux Graisivaudan ; nous sommes dans la montagne, la vraie ! Une ambiance dure, âpre, d’aquarelle romantique.

Quittons nos pipeaux, les airs d’églogues ne s’entendent plus au large des guérets de Cotte rouge !

Nous les retrouverons tantôt, sur le chemin qui mène à Laffrey, à travers les hogues vertes de Ponsonnas.

Là, alors, c’en est un foisonnement de cultures cossues ! Les champs rectangulaires sont peignés, lissés, rasés, coupés, passés au shampoing, tous les jours, par les eaux de la Bonne, émincées en rigoles.