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le dauphiné.

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les ethnographes ! Pour une fois que cela vous arrive, nous vous devons des félicitations !

Oui, le Mateysin est un « roublard », et c’est surtout dans la vente ou dans l’achat que sa roublardise éclate. D’intellectualité, il en a peu, et peu s’en soucie. Je doute qu’il cherche à résoudre ces problèmes qui divisent aujourd’hui la France, à savoir le symbolisme dans la statue de Balzac et la part de Wagner dans la musique de M. Vincent d’Indy. Parlez-lui d’un cheval ou d’un champeau, à la bonne heure, il vous écoutera et vous mettra dedans, s’il le peut ! Qui n’a pas vu traiter une affaire par un maquignon de Peychagnard s’est privé d’un beau spectacle. Les engagements durent quatre heures — et le lendemain, et le surlendemain reprennent pour quatre heures encore, chaque partie n’en voulant point démordre et reprochant à l’autre son âpreté de gain. Mais quand les hésitations cessent, quand la signature se pose au bas du reçu, rendons-leur cette justice : c’est qu’il n’est pas fournisseurs plus scrupuleux ou débiteurs plus exacts…

Saint-Georges-de-Cormiers.

Nous venons de voir le Mateysin, voyons maintenant sa capitale : la Mure. Une grande rue cerclant la ville, avec lumière électrique, fontaines abondantes, hôtel de ville monumental, abritant M. Chion-Ducollet, ce maire légendaire, aussi monumental que son édifice. Le tout fort mal pavé de silex pointus sur lesquels on ne saurait marcher qu’en appuyant légèrement les pieds, à la façon des ours dansant la gavotte.

Il fait froid à la Mure, il tombe souvent de la neige, et quand il vente, on dirait le quatrième acte du Tannhauser. Est-ce à cause de ces trois