La recette est facile et simple en est le thème : |
Ah ! monsieur Champavier, que de grâces à vous rendre de ce qu’il vous ait plu de chanter, dans la forme chère à Ponthus de Thyard, nos gloires culinaires !
À peine finissais-je votre dernier tercet, que la victoire m’était acquise. Mon ennemi piteusement se dérobait.
« Choisissez une femme, une femme de goût, — belle, libre de soin, Dauphinoise avant tout… »
C’était là maintenant un précepte d’airain. Impossible d’aller contre. Un seul hasarda qu’il devait être bien difficile de manger de bon gratin, puisqu’une des conditions de réussite exigeait l’amour d’une femme de goût. On n’est pas toujours aimé par une femme – à plus forte raison par une femme de goût…
La remarque était juste.
Mais je n’eus pas de peine à démontrer que ce « tâchez d’être aimé d’elle » avait été placé ici pour répondre aux exigences de la rime. Et comme les exigences de la rime sont imprescriptibles, chacun s’inclina. Et je restai définitivement maître du terrain.
… Cependant le père Cottavoz, que j’ai laissé tout à l’heure au café des Négociants, en face de sa douzième bouteille, s’est levé pour venir me rejoindre.
Il a quelque peu de roulis dans les jambes, nonobstant il tient encore debout pas assez pour courir, certes, assez pour marcher à petits pas dignes, couvrant toute la largeur de la route.
Il parle peu, mon père Cottavoz, et volontiers par apophtegmes. Il est pessimiste : il prédit la chute prochaine de la République, au profit d’Henri V, il trouve qu’aujourd’hui on élève mal les enfants… Et voyez combien le hasard arrange les choses avec logique ! À peine a-t-il achevé de formuler sa plainte, entre deux hoquets timides, que le voilà tombant nez à nez sur sa fille, innocente promeneuse au bras de son amoureux.
Gemitumque dedere cavernæ… c’est à peu près ce bruit qui sort des profondeurs de la gorge du père Cottavoz.
Je m’attendais à un pardon imploré d’une voix coupée de sanglots ; je m’attendais à une fuite précipitée. — Point. Mlle Cottavoz reçoit